Jules Isaac
Jules Isaac (1877-1963)

Jules Isaac (1877-1963)

Ce centre culturel porte le nom de Jules Isaac, un historien juif qui a joué un rôle moteur dans la France et l’Europe du XXe siècle. Ces panneaux présentent son parcours et son œuvre.

Jules Isaac naît, le 18 novembre 1877, dans une famille juive de Rennes. Officier de carrière, son père est un républicain d’origine lorraine. Sa mère est quant à elle issue d’une famille juive alsacienne. Le jeune Isaac reçoit une éducation religieuse.
À 13 ans, il perd ses parents. Interne au lycée Lakanal de Sceaux, il se lie d’amitié avec Albert Mathiez (le futur spécialiste de la Révolution) et Charles Péguy avec lequel il deviendra, plus tard, un ardent dreyfusard et un socialiste convaincu. Agrégé d’histoire, Jules Isaac enseigne dans plusieurs lycées (Nice, Sens). Il se marie avec Laure Ettinghausen, une jeune artiste peintre, elle aussi juive, en 1902.
Le professeur obtient une bourse d’études qui aurait dû le conduire à une thèse sur Étienne Dolet. Mais pour élever ses deux enfants, il doit reprendre son service d’enseignement, à Saint-Étienne puis à Lyon.

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Histoire présences juives

Clermont-Ferrand et le Puy-de-Dôme en 1908, Congrès de l’association française pour l’avancement des sciences, 1908.

Aubert (Marie-Pierre), Le Repli de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand (1939-1945), mémoire de Master 2 sous la direction de Mathias Bernard, 2008, 341 p.

Bouchet (Julien), Le Verbe et la plume. L’Avenir du Puy-de-Dôme et la politique nationale : questions religieuses et scolaires (1899-1906), mémoire de Master 2 sous la direction de Mathias Bernard, 2007, 346 p.

Bouchet (Julien) (dir.), Présences juives à Clermont durant l’époque contemporaine, Clermont, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2020.

Bouchet (Julien), Les Justes d’Auvergne, Clermont, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2015.

Bromberger (Jacqueline), Dossier témoignage. Histoire de la résistance de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand, Délégation à la Mémoire et à l’Information historique, Ministère des Anciens Combattants et victimes de guerre, 1993, 32 p.

Brunier (Melle), L’Affaire Dreyfus dans le Puy-de-Dôme, D.E.S. sous la direction de Jacques Droz, 1961.

Jarrassé (Dominique) (dir.), Les Juifs de Clermont. Une histoire fragmentée, Clermont, presses universitaires Blaise-Pascal, 2000.

Sweets (John S.), Clermont-Ferrand à l’heure allemande, Paris, Plon, 1996, 286 p.

Valeix (Elena), L’Antisémitisme dans la presse locale sous la Troisième République, mémoire de maîtrise sous la direction d’André Gueslin, 1991, 178 p.

Histoire des présences juives

Quelques traces (littéraires et toponymiques) d’une présence juive ancienne (fin de l’Antiquité) ont été conservées. Au cours du VIe siècle, la synagogue de Clermont est détruite par une foule en colère.
Le Moyen Age est peu référencé : une ketoubah (contrat de mariage) d’un couple juif qui s’est marié à Riom en 1319 a cependant été conservée.C’est à partir du XVIIe siècle qu’un groupe de juifs s’organise avec un rabbin venu de Strasbourg qui met en place des offices du chabbat et des jours de fête, ainsi que des cours d’instruction religieuses pour les enfants le dimanche matin.

Au cours de la Révolution française, l’émancipation des juifs de France est décidée. Cette décision leur permet d’obtenir la citoyenneté, et donc la pleine égalité des droits avec leurs concitoyens.

En organisant le judaïsme français sur un modèle centralisé et hiérarchisé, Napoléon l’intègre dans le régime des « cultes reconnus » par l’État.

La communauté juive de Clermont-Ferrand s’empresse de créer une association cultuelle, en application de la loi de séparation des Églises et de l’État. C’est la première association créée dans ce cadre dans le Puy de Dôme. D’ailleurs elle porte le numéro 1 et a été publiée au Journal Officiel du 15 novembre 1906.

La Shoah (catastrophe) est l’extermination systématique, par les nazis et leurs soutiens, de six millions de juifs, soit les deux tiers des juifs d’Europe. L’extermination des juifs durant la Seconde Guerre mondiale se distingue par son caractère industriel, bureaucratique et systématique qui la rende unique dans l’histoire de l’humanité. Paroxysme d’antisémitisme, ce génocide a voulu éliminer une population qui ne représentait aucune menace militaire ou politique, sinon dans l’imagination des bourreaux.

Les femmes, les enfants (y compris les nouveau-nés) et les vieillards furent tout aussi systématiquement traqués et voués à la mort de masse que les adultes. En particulier, 1 500 000 enfants furent victimes de cet anéantissement. L’extermination physique des juifs fut aussi précédée ou accompagnée de leur spoliation systématique (aryanisation) et de la destruction d’une part considérable de leur patrimoine culturel et religieux.

Les nazis ont aussi assassiné près de 400 000 tziganes.

Ce centre culturel Jules Isaac est dédié aux Justes d’Auvergne. Ce sont des hommes et des femmes qui, au péril de leur vie, ont sauvé des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il y a, à ce jour, 210 Justes reconnus en Auvergne.
Les Justes sont souvent de condition modeste (des agriculteurs, des artisans). Ils sont aussi des professeurs, des pasteurs, des prêtres (l’évêque de Clermont Gabriel Piguet). Les Justes ont agi gratuitement en tendant la main à des familles traquées. Ils ont permis de sauver plus de 2 500 juifs dans notre région, en particulier sur le Plateau du Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire. Il existe dans cette commune un autre lieu de mémoire que vous pourrez visiter.

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Carte des Justes

[1] Cette part tend à diminuer : à l’automne 2014, sur les 3 850 Justes de France, on en dénombrait 197, soit un peu plus de 5 %.

[2] Source : données de l’A.J.P.N. (Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie) corroborées par celles de Yad Vashem.

[3] Julien Bouchet, « Pour une approche sensible de la ligne de démarcation : Moulins-sur-Allier au miroir de ses « sauveteurs », Cahiers Sirice, actes du colloque sur la frontière qui s’est tenu en Sorbonne en février 2018, à paraître.

[4] Alors que les témoins directs se font désormais rares en raison de la distance qui nous sépare de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Yad Vashem est confronté à la question cuisante de l’évolution des critères d’attribution du titre, un témoignage de sauvé devant au minimum être apporté. Devant la rareté des survivants, le nombre de témoignages a déjà été abaissé de deux à un il y a quelques années.

[5] Dossier Yad Vashem n°12 747. Les informations suivantes émanent essentiellement de cette source d’information.

[6] Dossier Yad Vashem n°13 686.

[7] Dossier Yad Vashem n°13 653.

[8] Dossier Yad Vashem n°12 925.

[9] Dossier Yad Vashem n°12 925 A.

[10] Julien Bouchet, « Les Justes d’Auvergne : de nouvelles données », in id. (dir.), Résister à la Shoah, Neuilly, Atlande, 2019, à paraître.

Les Justes d’Auvergne

Qui sont les Justes d’Auvergne ?

Une population méritante d’un peu plus de 200 personnes

 Au 1er janvier 2019, sur près de 4 150 Justes de France, il y avait 203 Justes d’Auvergne, soit près de 5 % de l’ensemble[1]. À une échelle plus fine, l’Allier en comptait 30, le Cantal 28, la Haute-Loire, terre de refuge précédemment citée, 93, et le Puy-de-Dôme 52[2]. N’a pas été comptabilisé l’ensemble de la population du Chambon-sur-Lignon et du plateau Vivarais-Lignon qui a collectivement été distinguée, à l’automne 1988, une partie de ces altiligériens ayant du reste reçu la médaille et le diplôme d’honneur à titre personnel.

Quelles sont les principaux caractères de leur engagement ? Les Justes d’Auvergne ont en majorité agi dans le cadre domestique, en fournissant de l’aide à une ou deux personnes en situation de demande ou d’attente. Ces actes concernent au moins 2 500 juifs qui sont en quelque sorte des rescapés d’Auvergne, plus précisément du canton de Tence, des villes du Cantal et de l’Allier, et des périphéries du Puy-de-Dôme (le plateau des Combrailles à l’ouest, et le massif granitique du Forez à l’est). Yad Vashem a tenu à accentuer les reconnaissances à la fin des années 1980, un temps de la mémoire pendant lequel l’action valeureuse des Justes parmi les Nations a commencé à être mieux connue dans notre pays, en avant-garde d’une prise de conscience européenne encore en gésine. Leur engagement est même devenu, au seuil des années 2000, l’objet d’un devoir de mémoire soutenu par la reconnaissance publique souhaitée notamment par le président de la République Jacques Chirac en 2005. À la différence d’autres terres d’asile, l’Auvergne ne fut cependant pas le cadre d’une organisation régionale de sauvetage, mais certains de ses espaces ont été des lieux de transits et surtout de migrations qui ont modelé l’action résistante de populations mues par plusieurs réflexes (culturels, religieux, moraux et/ou politiques). Le profil-type du sauveteur auvergnat est celui d’un paysan d’une trentaine d’années qui connait bien son environnement proche, ou bien celui d’une personne en contact avec la jeunesse (une enseignante), et/ou des personnes de passage (un hôtelier). Rien donc de bien original sur ce point.

Ceci étant dit, plusieurs caractères saillants de la population des Justes d’Auvergne apparaissent si on la compare à d’autres ensembles. Son hétérogénéité démographique (âge) et sociologique n’est pas si prononcée que celle d’autres groupes de Justes. Sa relative jeunesse la rapproche en effet des mouvements de la résistance armée. La présence du clergé catholique et des pasteurs est importante. La précocité des engagements (pic en 1942, dès son premier semestre, et non pas en 1943) est favorisée par l’arrivée de migrants sur des terres promises de l’accueil, et par la sévérité de politiques préfectorales (dans le Cantal, en Haute-Loire). La diversité et la complémentarité des formes de sauvetage est un cinquième caractère émergeant. Elles font de l’Auvergne l’un des centres de la résistance à l’internement et à la déportation de Français exclus de la citoyenneté, et d’étrangers présumés coupables par leur appartenance « raciale ». À côté de dizaines d’hôtes qui logent souvent longuement leurs protégés, par exemple dans deux fermes contiguë de Vertolaye (Puy-de-Dôme), ce qui fait de l’Auvergne une destination de refuge plus qu’une zone de transit, à côté de l’action essentielle de cadres du sauvetage (les Trocmé : André, son épouse Magda et Daniel, leur neveux) œuvrant dans le Massif central et quelquefois au-delà (dans les camps d’internement de la zone sud, en Suisse), près de la moitié des Justes d’Auvergne deviennent des sauveteurs à plusieurs titres : des hôtes se font chercheurs de refuges sous la menace d’une dénonciation, des informateurs faussaires. Quelques-uns d’entre eux s’appuient sur les organisations de résistance ; la plupart en empruntent les voies, les pratiques du secret et de l’illégalité notamment, par exemple Maurice Berger, gendarme à Riom (Puy-de-Dôme). Dans ce cadre particulier, trois figures principales de Justes auvergnats émergent : le passeur, le médiateur et l’hôte. Elles mettent à jour le courage d’hommes et de femmes qui mirent leurs réseaux (personnels, professionnels, confessionnels), leurs biens (une maison, une voiture, un téléphone) ou la connaissance de leur pays (maîtrise des axes de communication, connaissance des « maisons sûres ») au service de personnes souvent traquées, dans des espaces à l’écart ou bien parfois au cœur des zones surveillées comme lorsque à Moulins (Allier) Marcelle Jardiller fait franchir le pont Régemortes, un point-clef de la ligne de démarcation, à plusieurs juifs cachés dans son camion[3].

Les Justes d’Auvergne récemment distingués

Les conclusions présentées ci-avant sont principalement issues des Justes d’Auvergne, un ouvrage paru en 2015, qui est la conséquence éditoriale de recherches concentrées sur l’année universitaire 2013-2014. Depuis, huit nouveaux Justes parmi les Nations ont rejoint le groupe des Justes d’Auvergne, ce qui illustre l’extension quantitative de la population distinguée[4] : quatre pour la Haute-Loire (Pierre et Madeleine de Lattre[5], Évelyne Chazot[6] et Maurice Chantelauze[7]), quatre pour le Cantal (les Danguiral[8] et les Boissières[9]). Les deux sauvetages associés au premier cas altiligérien et à l’aide croisée des Cantaliens sont dignes d’être narrés, ne serait-ce que parce qu’ils concernent des familles qui sont véritablement disloquées par la Shoah : les De Lattre finissent par adopter un orphelin du génocide ; les seconds parviennent à préserver un père et deux de ses enfants, alors que leur mère et un troisième membre de la fratrie trouvent prématurément la mort lors de Shoah[10].

En 2014, Pierre et Madeleine de Lattre reçoivent la médaille et le diplôme d’honneur pour avoir secouru Jacques Kogan, fils d’Ismak Kogan et de Frieda Mandelstam, des proches du couple. Après la déportation des parents de Jacques en août 1943, Pierre fait établir un faux certificat de naissance où il apparaît être son fils. Cette même année, l’enfant rejoint Lavoute-Chilhac (Haute-Loire). Après la guerre, constatant la perte de ses parents en déportation, Pierre de Lattre devient le tuteur provisoire de l’enfant. Trois ans plus tard, il l’adopte.

L’année suivante, en 2015, un sauvetage croisé a été mis au jour par l’attribution du titre de Juste parmi les Nations à quatre habitants du Cantal, Laurent et Blanche Danguiral, et Jean-Louis et Andrée Boissières, les sauveteurs d’une partie de la famille Zilberstein (trois enfants). En 1942, le jeune Michel, 8 ans, quitte Paris le jour de la rafle du Vélodrome d’hiver. Une dame l’emmène chez des amis à Vouvray (Indre-et-Loire). Michel passe de famille en famille dans des conditions parfois difficiles. Après être retourné à Paris, accompagné d’Andrée Boissières, il part en train pour Boisset en Auvergne, et retrouve son père grâce l’époux d’Andrée qui est aidé par un autre résistant. Michel Zilberstein porte désormais le nom de Michel Gilbert. Georges Zilberstein vit avec des faux papiers à Boisset, au Moulin du Luc appartenant aux Danguiral. Olga Zilberstein, sa fille, le rejoint au printemps 1943. L’épouse de Georges, Betty Zilberstein, doit les rejoindre avec son autre fils à la fin 1943-début 1944, mais elle doit ajourner le voyage car Harvey est souffrant. La mère et l’enfant sont néanmoins arrêtés par la police française et rejoignent Drancy. Ils sont déportés à Auschwitz le 10 février 1944 par le convoi n° 68. Ils y sont ensuite assassinés

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