Journées Européennes de la Culture et du Patrimoine Juifs

Les Journées Européennes de la Culture et du Patrimoine Juifs célèbrent en 2019 leur vingtième anniversaire.
Ces Journées, organisées simultanément à travers tout le continent européen, se déroulent désormais dans plus de 25 pays, sous l’égide de l’Association Européenne pour la Promotion de la Culture Juive (AEPJ) dont JECPJ-France a été l’un des membres fondateurs.
JECPJ-France est le coordonnateur des Journées pour la France et s’inscrit dans ce vaste projet visant à faire connaître au grand public le patrimoine culturel, matériel et immatériel, hérité de vingt siècles de présence juive à travers l’Europe.
Pour 2019, le thème des Journées, qui ont débuté le dimanche 1er septembre, fût : « Innover et Transmettre ». Un des objectifs de cette thématique est d’insister sur l’actualité de la culture juive, notamment dans ses échanges avec les autres cultures, lesquels sont faits d’apports et d’emprunts réciproques. De nos jours la nouveauté ne cesse de pénétrer l’univers juif, sans que cela entame sa fidélité à une tradition trimillénaire.
La déclinaison de cette thématique permet également de montrer comment l’innovation, notamment technologique, peut être mise à profit pour faciliter l’accès à la culture et au patrimoine juifs de tous ceux qui souhaitent les découvrir ou en développer la connaissance.

Le choix du Centre Culturel Jules Isaac à Clermont est en adéquation avec la vocation des JECPJ de promouvoir simultanément les patrimoines matériel et immatériel du judaïsme.
L’Ancienne Synagogue, Beit Yacov, restaurée et ouverte au public en 2013 est aujourd’hui un lieu de mémoire, de culture et de pédagogie. Tout au long de l’année se succèdent des conférences, des visites, et l’accueil d’établissements et d’élèves autour des ateliers de découverte du judaïsme construits avec l’Education Nationale.
Le lancement des Journées Européennes de la Culture et du Patrimoine Juifs le 1er septembre 2019 était l’occasion de valoriser ce lieu au cœur de la cité et les actions qui y sont menées. L’Etat, la Mairie de Clermont, la Mairie de Chamalières, engagés dans le rayonnement de cette manifestation ont également accueilli des temps forts de cette journée.

Le succès de ces journées

Près de cent personnes ont bénéficié des visites thématiques animées par Michel et Jean-Bernard WURM au cours de cette journée. Un public composé d’auvergnats mais aussi et surtout des invités et délégations qui s’étaient déplacés à Clermont-Ferrand et donnaient ainsi à ces JECPJ leur pleine dimension européenne. Nous pouvons citer, mais cette liste ne sera pas exhaustive : des représentants d’Italie, d’Espagne, du Luxembourg, mais également plus proches de nous géographiquement les communautés de Roanne, Vichy ou encore Metz et Lyon…Parmi les personnalités présentes : Philippe ALLOUCHE, directeur général de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Alain SEBBAN, représentant le Consistoire régional ( Lyon ), Alain LERAY, président SNCF USA, François MOYSE, président AEPJ, l’association européenne pour la sauvegarde du patrimoine juif, Thierry KOCH, président des JECPJ-France,… à l’origine de l’organisation de ces rencontres.

Des images resteront gravées : Haïm KORSIA, Grand Rabbin de France, sonnant le Schofar entouré des élus et autorités civiles et militaires, avec à son côté Eyman HAGEGE, Rabbin de la communauté de Clermont, les questions des jeunes face au panneau des Justes ou encore de la liste des victimes de la Shoah.

Conférence : « Transmettre et Innover » Haïm KORSIA, Grand Rabbin de France

Un devoir de mémoire au cœur de l’Ancienne Synagogue qui sera rappelé par Haïm KORSIA, lors de la conférence « Transmettre et Innover », autre temps fort de ce lancement. C’est face à un parterre de 250 personnes que le Grand Rabbin de France s’appuyant sur l’histoire, la mémoire, le quotidien, la vie, la Foi proposait à chacun de se poser la question de la transmission, de l’innovation. Fort d’exemples qui rejoignent aussi bien les adultes que les plus jeunes, empruntés aux héros de cinéma ou aux grandes figures de la littérature, tels Rocky ou le personnage de Jean Valjeant des Misérables, Haïm KORSIA démontrait avec conviction que chaque interprétation d’un événement pouvait intégrer des ruptures, une part de remise en question, sources d’interprétation innovante pour tous, nous faire avancer dans notre quotidien, notre relation aux autres et donc notre vie. « Comment ne pas perdre ce que l’on nous a transmis, la clé est de le rendre actuel », « Comment rendre une organisation pérenne, il n’y a que deux méthodes : transmettre et innover ».

Conférence : « Présences juives en Auvergne : quinze siècles d’Histoire »

Julien BOUCHET, professeur agrégé et docteur en histoire
Docteur Michel WURM

La présence juive en Auvergne remonte à de nombreux siècles. Dès le Moyen Age nous observons la présence d’une communauté juive située rue Fontgiève (littéralement « fontaine des juifs ») où l’on suppose l’existence d’un bain rituel juif. Cette présence se retrouve aussi à Monjuzet (littéralement « mont des juifs »), car l’activité principale des juifs à cette époque sont les cultures viticoles et agricoles. Puis les persécutions successives de cette période font fuir la majeure partie de la population juive vers d’autres régions d’Europe. La dernière expulsion au Moyen Age a lieu sous le règne de Charles VI, expulsion symbolique, car la présence juive était déjà moindre sur le territoire. Il faut attendre 1808 pour que la communauté juive clermontoise soit officiellement reconnue, dans le cadre de l’organisation des consistoires israélites. Et c’est en 1862, le 20 mars qu’est inauguré par le Grand rabbin de Bordeaux la synagogue de la rue des Quatre Passeport. En 1939, face à l’invasion de l’Alsace Moselle, Clermont Ferrand et ses environs accueillent un afflux de réfugiés qui comprend en son sein plusieurs milliers de juifs qui viennent trouver refuge. La synagogue reste en fonction jusqu’en 1943. Aujourd’hui la synagogue de la rue des Quatre-Passeports abrite le Centre Culturel Jules Isaac, lieu de mémoire des déportés et justes d’Auvergne, de citoyenneté, d’art et culture.